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LE PETIT MONSIEUR

chette, d’une « courvée » comme vous dites si drôlement… Pourquoi une épluchette ?

— Comment ! pourquoi ? s’écria la mère, suffoquée.

— Ça ne se fait plus guère, continua André. « Pourquoi ne pas acheter une de ces machines américaines qui font tant de besogne en si peu de temps ? Les inventions existent pour qu’on s’en serve et la science…

— Laisse-moi donc tranquille avec ta science ! dit Servan, impatienté. « Tes inventions sont en train d’faire des automates, des machines avec nos habitants… Tu dis qu’les courvées s’en vont ? Tant « pire » ! C’est encore un peu de ce qui nous faisait contents, affables et « recevants » qui s’en va. Eh ben ! tant que j’vivrai, moi, la courvée s’ra en honneur à la maison et c’est pourquoi j’en ai organisé une pour c’soir… L’école — la ville plutôt — t’a ben changé, mon gars ?… J’me souviens que tu ne les dédaignais pas, les courvées, v’là trois ans…

— Peut-être. Mais j’ai vieilli, j’ai changé depuis… Je me suis instruit… Ça me paraît aujourd’hui un peu enfantin, un peu ridicule ce rassemblement, cette foule avec sa grosse gaieté, ses cris, ses jeux… Non ! si je suis venu c’est à