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LA CORVÉE

— Qu’est-ce qu’elle a donc, la p’tite ? dit la mère Servan. « Lui as-tu dis quelque chose de déplaisant, André ? »

— Mais non, répondit le jeune homme avec indifférence, « elle est intimidée, sans doute »…

— C’est curieux, reprit Servan. « Je vas aller lui parler. »

— Laisse-donc, père ! Elle va revenir… J’ai faim ! Mère, as-tu de tes bonnes tartes aux pommes à m’offrir ?

— Mais oui, j’en ai, s’écria joyeusement la mère. Tiens, va te mettre là, à ta place… Seulement ne va pas manger à ta faim. André, garde un peu d’appétit pour le réveillon.

— Oui, ajouta Servan. « Nous allons nous amuser ce soir. Après l’épluchette, le réveillon, et vive le plaisir !

À table, André parla du collège, de ses maîtres, de ses camarades, de ses brillantes relations… Il se vanta avec la suffisance puérile et maladroite du petit jeune homme dont la tête s’est enflée aux dépens du cœur et de l’intelligence, et qui s’ignore encore profondément.

— Et l’on n’a pas fait de difficulté, au collège, pour te donner congé ? demanda Servan.

— Non. Mais mes camarades se sont moqués de moi quand ils ont su qu’il s’agissait d’une éplu-