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LA CORVÉE

— Je ne veux pas me mêler à vos jeux, reprit André, s’échauffant. « Ils sont idiots, vos jeux »…

— Ah ! Eh ben, pourquoi venais-tu à la courvée, alors ?

— Je suis venu pour faire plaisir à mes parents, non aux imbéciles de l’épluchette…

— Oh ! oh ! Je t’avertis que si tu m’appelles imbécile, j’réponds par crevé…

— Leroux !

— M’sieu !

— Brute ! Et André eut un mouvement violent, comme pour lancer sa main sur la figure de l’autre.

— Ah ! non ! pas ça ! dit Leroux en saisissant les bras d’André entre ses mains puissantes. « Tu pourrais te faire mal, mon p’tit, et ça f’rait d’la peine à ton papa… Rentrons à la maison et soyons sages »…

André, dans l’impossibilité absolue de bouger, tremblait de rage et d’humiliation. Quand Leroux l’eut lâché cependant il ne tenta pas de continuer la querelle, mais rentra rapidement chez lui, pour disparaître tout à fait. Cela eut pour effet de créer une gêne, un malaise qui écourta la veillée. On n’apporta plus de maïs après le réveillon et les couples s’en allèrent bientôt, les uns après les autres, ou plusieurs à la fois. Quand le dernier fut