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TERRE-NEUVE ET FIANÇAILLES

ment, une volée d’oiseaux de neige sur la première verdure du printemps. Il plane sur ce paysage agreste une chaleur ardente tempérée par les bouffées d’air frais de l’Ottawa qu’on devine tout proche. Pierre sourit : avec cette courvée il y aura des fiançailles chez lui. Pascal Viau, fils de colon, a demandé la main de Jeannette. Le prétendant n’est pas riche, mais il est actif, très intelligent, on l’aime beaucoup. De plus, le dernier lot des anciens propriétaires est entre ses mains ; Pascal clôt la liste des envahisseurs pacifiques de ce coin de pays. Avant lui d’autres sont venus, marquant leur arrivée par un nouveau départ. Maintenant c’en est fait ; cette terre est toute à eux, et avec elle ces énergiques habitants possèdent tout.

Jeannette a voulu donner un coup de main à sa belle-sœur. Une courvée ne va pas sans une bonne table : la grande armoire bleue de la cuisine, les étagères de la laiterie, sont bondées de rôties, de côtelettes de mouton, de pâtés succulents et de tartes appétissantes ; de beaux pains de Savoie et des beignes s’amoncellent partout. La jeune cuisinière va de la huche au poêle et du poêle à lafenêtre qui donne sur le chemin du cinq : Il n’y a pas à en douter, Jeannette attend Pascal.