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lettres de bourgeoisie

Mais, dans cette excellente « république », ainsi que nos vieux chroniqueurs se plaisent à l’appeler, l’élite de ses notabilités bourgeoises, telle que nous la révèlent des textes du XVIe au XVIIIe siècle, constituait une sorte d’aristocratie qui, entre autres prérogatives qu’il serait curieux de rechercher, avait concurremment avec la noblesse, le premier rang dans les honneurs publics.

Cette classe particulière de bourgeois, restreinte à un petit nombre de citoyens, sortis, à ce qu’il semble, presque tous du négoce, ne saurait nous étonner dans un état social où, de temps immémorial, le système des catégories prévalait par l’antique et traditionnel régime des corporations. Quant à son origine, plus lointaine peut-être qu’on serait porté à le croire, pourrait-elle remonter jusqu’au temps où les corporations elles-mêmes avaient eu leur commencement, en d’autres termes, ces bourgeois, sorte de patriciens, auraient-ils eu pour ancêtres politiques les curiales ou les honorati de la Gaule romaine ?[1] À cette question qu’obscurcit la pénurie des textes du

    complet. Entre ces deux dates de 1218 et de 1277, il s’est évidemment accompli un grand fait, c’est-à-dire la constitution officielle de notre consulat qui consacra en les complétant, d’antérieures et bonnes coutumes. Nous inclinons à croire que ce grave événement se produisit vers 1229, lors de la réunion du Languedoc, et par conséquent du Velay à la couronne de France.

  1. Nous croyons avoir suffisamment démontré, dans nos précédentes études sur les origines de la ville du Puy, que notre cité, placée dans l’une de nos plus riches vallées et favorisée pour son important négoce, par sa situation au point de rayonnement de plusieurs voies antiques (estrades), après avoir été très-probablement le siège de l’oppidum principal des vellavns[sic], était devenue, par suite du transfert du chef-lieu gallo-romain à Revession (aujourd’hui Saint-Paulien), une ville colonie, dont nous pensons avoir retrouvé sur une de nos incriptions le nom gaulois Adidon (mont-adi aujourd’hui mont-ani) dans celui de son génie tutélaire, personnification divine, suivant l’usage, du lieu lui-même.

    Outre beaucoup d’antiquités très-diverses que nos fouilles ont surtout mises au jour et qui, pour la plupart, éveillent l’idée de beaux monuments, des inscriptions signalent plusieurs des magistratures afférentes aux villes d’une importance supérieure : le duumvirat, le flaminat, un haut sacerdoce exprimé par la qualification gauloise gutvater. Elles mentionnent également un adlecteur des forges ou des mines de fer, un officier des corporations d’ouvriers et d’entrepre-