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mémoires

L’institution du tour est mauvaise en général ; le bien qu’elle peut produire est l’exception.

Le tour, dit-on, tend a augmenter le nombre des naissances. — Le fait, inexact dans notre département, peut-être vrai dans certains autres. Quoi qu’il en soit, il faut se garder de confondre l’augmentation du chiffre des naissances avec l’augmentation de la population, et, si l’institution du tour peut augmenter le nombre des naissances, son influence est assez funeste pour diminuer encore le chiffre de la population.

À côté de la grande mortalité qu’il entraîne, considérons, un instant, ces pauvres enfants légitimes déposés au tour, parce qu’ils sont arrivés à la vie, en quatrième ou cinquième ligne… Ils viennent y perdre leur état civil ! — Ce fait, incontestable, ne dit-il pas assez pour empêcher le rétablissement d’un régime aussi immoral que barbare ?

L’infanticide résultant de l’inexpérience peut être évité par certaines mesures de prévoyance, qui consistent à instituer des services d’accouchement dans tous les hospices, à favoriser l’établissement de sociétés de charité maternelle, à ouvrir des crèches, à répandre des imprimés contenant les recommandations de l’Académie de médecine sur l’éducation des enfants du premier âge ; en un mot, à protéger l’enfant avant et après sa naissance.

En s’adressant à la sensibilité du cœur, les partisans du tour insistent, comme argument péremptoire, sur la pitié due à l’enfant tué par sa propre mère, alors qu’elle devrait avoir la possibilité de le confier à une administration. Nous partageons leur légitime émotion, nous sommes d’avis qu’il faut entrer dans une voie plus large pour les admissions d’enfants naturels ; mais, nous le répétons, l’infanticide se commet dans des proportions beaucoup moindres qu’on ne le croirait au premier abord.

La véritable plaie à guérir, le grand fléau à combattre, c’est l’avortement.

L’avortement est un art ; aujourd’hui, il a ses méthodes, ses praticiens, ses honoraires.