Page:Solin - Polyhistor, 1847.djvu/9

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qui parut à Paris en 1503 et c’est le seul que l’on doive adopter, d’après Solin lui-même. L’excellente édition que nous avons suivie, celle de Deux-Ponts, 1794, in-8°, donne une notice de toutes les éditions ; et, parmi celles-ci, les plus célèbres sont celle de J. Camers et celle de Saumaise, que nous aurons plus d’une fois occasion de citer, et dont les commentaires sont un monument de prodigieuse érudition. Fort souvent, il est vrai, Saumaise ne commente Solin que pour l’attaquer ; mais quelles que soient ses injustices à l’égard de notre auteur, il éclaircit des passages fort obscurs, soit dans ce dernier, soit dans Pline, dont Solin, a-t-on dit, n’est que le singe, comme on a dit de Silius Italicus, qu’il n’est que le singe de Virgile. Mais, à ce propos, n’y a-t-il pas, dans la Biographie universelle, une supposition un peu gratuite, lorsque l’on avance que sur quatre-vingt-seize auteurs environ cités par Solin jamais Pline n’est nommé, et que de là on conclut que peut-être les deux auteurs ont puisé à des sources communes ? Nous ne pouvons nous ranger à cette opinion. Solin a fait, selon nous, à l’égard de Pline, ce que font bien des écrivains, qui n’indiquent pas les sources où ils puisent. Quelquefois, sans doute, il est permis de s’approprier les idées d’autrui, en les rajeunissant, en les présentant sous une forme plus nette, plus vive, plus instructive, plus originale surtout ; malheureusement Solin n’a rien d’original, et en cela il diffère de ceux dont le génie excuse ou même consacre les emprunts. Remarquons, d’ailleurs, que s’il copie Pline, c’est très-souvent pour le délayer.

Pline avait, d’ailleurs, montré plus de conscience que son imitateur. « J’ai placé, dit-il, en tête de mes livres la liste des auteurs que j’ai mis à contribution il y a, ce me semble, de l’honnêteté et beaucoup d’ingénuité et de pudeur à confesser les larcins dont nous avons profité. Les auteurs auxquels j’ai fait des emprunts ont, pour la plupart, été plus discrets ; car je dois vous apprendre qu’en confrontant ces écrivains, j’ai surpris les plus renommés et les plus voisins de nous à transcrire mot à mot les anciens, et sans les nommer, n’imitant en cela ni le talent de Virgile, qui lutte avec ses modèles, ni la candeur de Cicéron, qui, dans ses livres de la République, convient qu’il imite Pla-

1. Hist. Nat., Liv. 1, Dédicace de Vespasien.