Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/133

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LE SERVITEUR.

Par pitié, ô maître ! J’ai cru qu’il emporterait l’enfant dans un pays étranger ; mais il l’a sauvé pour de plus grands malheurs. Si tu es celui qu’il dit, sache que tu es malheureux.

OIDIPOUS.

Hélas, hélas ! tout apparaît clairement. Ô lumière, je te vois pour la dernière fois, moi qui suis né de ceux dont il ne fallait point naître, qui me suis uni à qui je ne devais point m’unir, qui ai tué qui je ne devais point tuer !

LE CHŒUR.
Strophe I.

Ô générations des mortels, je vous compte pour rien, aussi longtemps que vous viviez ! Quel homme n’a pour plus grand bonheur que de sembler heureux et ne déchoit ensuite ? En face de ton Daimôn et de ta destinée, ô malheureux Oidipous, je dis qu’il n’est rien d’heureux pour les mortels.

Antistrophe I.

Tu as poussé ton désir au delà de tout et tu as possédé la plus heureuse richesse. Ô Zeus ! ayant dompté la Vierge aux ongles recourbés, la Prophétesse, tu as été le mur de la patrie et tu as défendu les citoyens contre la mort, et tu as été nommé Roi et revêtu de très-hauts honneurs, et tu commandes dans la grande Thèba.

Strophe II.

Et maintenant, si nous avons compris, qui est plus