Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/134

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misérable que toi ? Qui a été plongé, par les changements de la vie, dans un désastre plus terrible ? Ô tête illustre d’Oidipous, à qui un seul sein a suffi comme fils et comme mari, comment celle que ton père a fécondée a-t-elle pu te subir en silence et si longtemps ?

Antistrophe II.

Le temps qui voit tout t’a révélé contre ton gré et condamne ces noces abominables par lesquelles tu es à la fois père et fils. Ô fils de Laios, plût aux Dieux que je ne t’eusse jamais vu, car je gémis violemment et à haute voix sur toi. Cependant, je dirai la vérité : c’est par toi que j’ai respiré et que mes yeux se sont assoupis.

LE MESSAGER.

Ô vous, les plus grandement honorés de cette terre, quelles actions vous allez apprendre et voir, et que de gémissements vous pousserez, si, comme il convient à ceux de même race, vous avez encore souci de la maison des Labdakides ! Je pense, en effet, que ni l’Istros ni le Phasis ne pourraient laver les souillures inexpiables que cache cette maison et celles qui vont paraître d’elles-mêmes à la lumière. Or, les maux les plus lamentables sont ceux qu’on se fait à soi-même.

LE CHŒUR.

Ils sont très-amers, ceux que nous connaissons déjà. Que nous annonces-tu de plus ?

LE MESSAGER.

Afin que je dise tout en paroles très-brèves et que vous sachiez : la divine tête d’Iokastè est morte !