Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/183

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encore, ô fils de Laios, par ce que j’ai entendu sur la route. En effet, tes vêtements et ta face lamentable me révèlent qui tu es. Je veux, plein de pitié pour toi, malheureux Oidipous, apprendre ce que vous nous suppliez de vous accorder, la Ville et moi, à toi et à ta malheureuse compagne. Dis ce que tu veux. Il sera, certes, bien difficile, le service que je te refuserai. Il me souvient que, de même que toi, j’ai été élevé en étranger, et que j’ai subi de grands et innombrables dangers pour ma tête loin de ma patrie ; de sorte que je ne refuserai jamais de venir en aide à un Étranger, tel que te voilà maintenant. Je sais que je suis homme, et que la lumière de demain n’est pas plus certaine pour moi que pour toi.

OIDIPOUS.

Thèseus, ta bonté aux paroles brèves me permet de parler peu moi-même. Tu as dit qui j’étais, de quel père j’étais né et de quelle terre je venais. Ainsi, il ne reste rien à révéler, si ce n’est ce que je veux, et ce sera tout.

THÈSEUS.

Dis-le afin que je le sache.

OIDIPOUS.

Je viens te faire don de mon misérable corps. À le voir, il est sans aucun prix, mais il sera de beaucoup plus utile qu’il n’est beau.

THÈSEUS.

Quel avantage apportes-tu donc ?