Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/215

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temps, ni que celui qui a reçu un accueil bienveillant refuse d’y répondre.

OIDIPOUS.

Fille, c’est une faveur cruelle que vous m’arrachez par ces paroles. Qu’il en soit donc comme il vous plaît ! Seulement, Étranger, s’il vient ici, que nul ne me saisisse de force.

THÈSEUS.

Ô vieillard, je ne veux pas entendre deux fois ceci. Il ne me plaît point de me vanter, mais, tant qu’un Dieu me gardera vivant, sache que tu es sauf.

LE CHŒUR.
Strophe.

Celui qui désire vivre outre mesure prouve, à mon sens, qu’il a l’esprit en démence ; car une longue vie contient beaucoup de maux, et qui désire trop ne voit point la joie où elle est. Et voici venir, enfin, la commune guérisseuse, la Moire d’Aidès, sans noces, sans lyre, sans danses, Thanatos, la dernière des choses !

Antistrophe.

Ne pas être né vaut mieux que tout. Le meilleur après cela, dès qu’on a vu la lumière, est de rentrer très-promptement dans la nuit d’où on est sorti ; car, dès que la jeunesse arrive avec les futilités insensées qu’elle amène, de quels maux lamentables n’est-on pas atteint ? Les meurtres, les séditions, les querelles, les combats et l’envie ; et, enfin, survient la vieillesse odieuse, sans