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Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/216

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forces, chagrine et sans amis, et qui contient toutes les misères.

Épôde.

Je n’y suis pas arrivé seul, mais ce malheureux aussi. De même qu’en hiver un rivage Boréal est ébranlé de tous côtés par les flots, de même les cruelles calamités qui ne le quittent point se ruent comme les flots contre cet homme, les unes venant de l’occident, les autres du levant, d’autres des lieux éclairés par Hèlios à midi, et d’autres du Nord plein de souffles nocturnes.

ANTIGONÈ.

Voici venir à nous, il me semble, ô Père, cet étranger sans compagnons et versant des larmes.

OIDIPOUS.

Quel est-il ?

ANTIGONÈ.

Celui à qui nous pensions depuis longtemps, Polyneikès lui-même, que voici.

POLYNEIKÈS.

Hélas ! que ferai-je ? Pleurerai-je avant tout, ô enfants, mes propres maux ou ceux que je vois, ceux de mon vieux père ? Je le trouve avec vous jeté sur une terre étrangère, sous un vêtement sale et hideux qui souille son flanc et ne fait qu’un avec son vieux corps ; et sur sa tête sans yeux sa chevelure éparse se répand au vent. Et tels aussi, sans doute, sont les aliments de son ventre misérable. Ô très-malheureux que je suis, je reconnais