Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/25

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traits, le précipita du faîte de la hauteur. C’est pour cela que Zeus Olympien, père de toutes choses, agité de colère, et ne pouvant souffrir que Hèraclès eût agi de ruse contre un seul homme, le fit vendre comme esclave. S’il s’était vengé ouvertement de ses injures, Zeus lui eût pardonné, car les Daimones aussi n’aiment point à subir l’injure. Donc, ceux qui se vantaient d’une langue insolente habitent tous maintenant le Hadès, et leur ville est réduite en servitude. Celles-ci, que tu vois, viennent à toi, arrachées de leurs félicités par une triste destinée. Ton époux l’ordonne ainsi, et moi, fidèle serviteur, j’obéis à ses ordres. Lui-même, dès qu’il aura sacrifié d’irréprochables victimes à son père Zeus, à cause de cette ville prise, il viendra, sois-en sûre. Et ceci est le plus agréable à entendre de tout ce que je t’ai dit déjà.

LE CHŒUR.

Reine, ce que tu vois et ce que tu entends te permettent maintenant de montrer toute ta joie.

DÈIANEIRA.

Pourquoi ne me réjouirais-je pas en effet, et à bon droit, ayant appris l’heureuse destinée de mon époux ? Il le faut, puisque ces nouvelles répondent à mes désirs. Cependant, la prudence me laisse dans l’esprit une certaine crainte que cette heureuse fortune n’aboutisse à quelque malheur. Ô chères, une violente pitié m’envahit quand je vois ces malheureuses chassées de leur demeure sur une terre étrangère, privées de leurs parents et manquant d’asile, elles qui étaient nées peut-être d’hommes libres et qui subissent maintenant une vie servile. Ô Zeus secourable, que je ne te voie jamais