Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/316

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n’y a ici nulle navigation d’hommes prudents. Peut-être y aborde-t-on contre son gré, car ces choses arrivent fréquemment dans une longue vie d’homme. Ceux qui viennent ici, ô fils, me parlent avec pitié, plaignent ma destinée et me donnent par surcroît quelques aliments et quelques vêtements ; mais, dès que j’en parle, tous refusent de me conduire en sûreté dans ma demeure ; et, misérable, je suis rongé par la faim et par les douleurs, voici déjà la dixième année, et nourrissant une plaie vorace. Voilà ce que m’ont fait, ô fils, les Atréides et Odysseus. Que les Dieux leur infligent à leur tour des maux tels que ceux que j’ai subis !

LE CHŒUR.

Moi aussi, non moins que les étrangers qui déjà sont venus ici, je ne puis qu’avoir pitié de toi, fils de Paias.

NÉOPTOLÉMOS.

Et moi je sais que tes paroles sont vraies, et je puis l’attester, ayant souffert par ces mauvais hommes, les Atréides et Odysseus.

PHILOKTÈTÈS.

As-tu, toi aussi, as-tu reçu quelque injure des Atréides très-maudits, que tu sois ainsi irrité ?

NÉOPTOLÉMOS.

Plaise aux Dieux que, de ma main, j’assouvisse un jour ma colère et que Mykènè et Sparta apprennent que Skyros aussi nourrit des hommes braves !