Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/38

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et il n’aimera jamais aucune autre femme plus que toi. — Ô chères, je me suis rappelé ceci, et, dans le sang de Nessos mort, l’ayant bien gardée en ma demeure, j’ai trempé cette tunique, d’après ce qu’il m’a dit étant vivant encore. Tout est accompli maintenant. Que je ne sache jamais les trames perverses, car je hais celles qui en usent ! L’emporter par ce philtre sur cette jeune fille et ramener ainsi Hèraklès, c’est ce que je veux accomplir, à moins qu’il ne vous semble que je tente de vains efforts, car, alors, j’y renoncerai.

LE CHŒUR.

Certes, si tu as foi en ceci, il nous semble que ton dessein n’est point blâmable.

DÈIANEIRA.

J’ai foi sans doute, mais j’espère seulement, n’en ayant point encore usé.

LE CHŒUR.

Il faut tenter, car, quoi qu’il te semble, tu n’auras aucune certitude de la chose, que tu ne l’aies éprouvée.

DÈIANEIRA.

Nous le saurons bientôt, car je vois l’homme sortir de la demeure, et il arrivera promptement. Mais gardons le silence sur ceci, car une action honteuse accomplie dans l’ombre ne donne point de honte.

LIKHAS.

Que veux-tu que je fasse ? Ordonne, fille d’Oineus, car je me suis attardé ici trop longtemps.