Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/461

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retraites ; car le désir impie de noces criminelles et souillées par le meurtre les a saisis. C’est pourquoi je suis certaine que ce prodige qui nous apparaît menace les auteurs du crime et leurs compagnons. Ou les mortels n’ont aucune divination des songes et des oracles, ou ce spectre nocturne mènera tout à bien pour nous.

Épôde.

Ô laborieuse chevauchée de Pélops, combien tu as été lamentable pour cette terre ! En effet, du jour où Myrtilos périt, arraché violemment et outrageusement de son char doré et précipité dans la mer, d’horribles misères ont toujours assailli cette demeure.

KLYTAIMNESTRA.

Tu vagabondes de nouveau, et librement, semble-t-il. Aigisthos, en effet, n’est point ici, lui qui a coutume de te retenir, afin que tu n’ailles pas au dehors diffamer tes parents. Maintenant qu’il est sorti, tu ne me respectes point. Et, certes, tu as dit souvent et à beaucoup que j’étais emportée, commandant contre tout droit et justice et t’accablant d’outrages, toi et les tiens. Mais je n’ai pas coutume d’outrager ; si je te parle injurieusement, c’est que tu m’injuries plus souvent encore. Ton père, et tu n’as point d’autre prétexte de querelle, a été tué par moi, par moi-même, je le sais bien, et il n’y a aucune raison pour que je le nie. Car, non moi seule, mais la Justice aussi l’a frappé ; et il convenait que tu me vinsses en aide, si tu avais été sage, puisque ton père, sur qui tu ne cesses de gémir, seul des Hellènes, a osé sacrifier ta sœur aux Dieux, bien qu’il n’eût point autant souffert pour l’engendrer que moi pour l’enfanter. Mais, soit !