Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/464

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agis envers nous moins en mère qu’en maîtresse, moi qui mène une vie misérable au milieu des maux continuels dont vous m’accablez, toi et ton amant. Mais cet autre, qui s’est à grand’peine échappé de tes mains, le misérable Orestès, il traîne une vie malheureuse, lui que tu m’as souvent accusée d’élever pour être ton meurtrier. Et, si je le pouvais, je le ferais, certes, sache-le sûrement. Désormais déclare à tous que je suis mauvaise, injurieuse, ou, si tu l’aimes mieux, pleine d’impudence. Si je suis coupable de tous ces vices, je n’ai pas dégénéré de toi et je ne te suis pas à déshonneur.

LE CHŒUR.

Elle respire la colère, je le vois, mais je ne vois pas qu’on se soucie de savoir si elle en a le droit.

KLYTAIMNESTRA.

Et pourquoi me soucierais-je d’elle qui adresse à sa mère des paroles tellement injurieuses, à l’âge qu’elle a ? Ne te semble-t-il pas qu’elle doive oser quelque mauvaise action que ce soit, ayant rejeté toute pudeur ?

ÉLEKTRA.

À la vérité, sache-le, j’ai honte de ceci, quoi qu’il te semble ; je comprends que ces choses ne conviennent ni à mon âge, ni à moi-même ; mais ta haine et tes actions me contraignent : le mal enseigne le mal.

KLYTAIMNESTRA.

Ô insolente bête, est-ce moi, sont-ce mes paroles et mes actions qui te donnent l’audace de tant parler ?