Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/465

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ÉLEKTRA.

C’est toi-même qui parles, non moi ; car tu accomplis des actes, et les actes font naître les paroles.

KLYTAIMNESTRA.

Certes, par la maîtresse Artémis ! je jure que tu n’échapperas pas au châtiment de ton audace, dès qu’Aigisthos sera revenu dans la demeure.

ÉLEKTRA.

Vois ! maintenant tu es enflammée de colère, après m’avoir permis de dire ce que je voudrais, et tu ne peux m’entendre.

KLYTAIMNESTRA.

Ne peux-tu m’épargner tes clameurs et me laisser tranquillement sacrifier aux Dieux, parce que je t’ai permis de tout dire ?

ÉLEKTRA.

Je le permets, je le veux bien, sacrifie, et n’accuse pas ma bouche, car je ne dirai rien de plus.

KLYTAIMNESTRA.

Toi, servante, qui es ici, apporte ces offrandes de fruits de toute espèce, afin que je fasse à ce Roi des vœux qui dissipent les terreurs dont je suis troublée. Entends, Phoibos tutélaire, ma prière cachée, car je ne parle point entre amis, et il ne convient pas que je dise tout devant celle-ci, de peur que, poussée par la haine, elle ne répande à grands cris de vaines rumeurs par la