Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/470

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jambes en l’air, jusqu’à ce que les conducteurs de char, arrêtant avec peine les chevaux qui couraient, l’eurent relevé tout sanglant et tel qu’aucun de ses amis n’eût reconnu ce misérable corps. Et ils le brûlèrent aussitôt sur un bûcher ; et des hommes Phokéens, choisis pour cela, apportèrent ici, dans une petite urne d’airain, la cendre de ce grand corps, afin qu’il soit enseveli dans sa patrie. Voilà les paroles que j’avais à te dire ; elles sont tristes, mais le spectacle que nous avons vu est la chose la plus cruelle de toutes celles que nous ayons jamais contemplées.

LE CHŒUR.

Hélas ! hélas ! toute la race de nos anciens maîtres est donc anéantie radicalement !

KLYTAIMNESTRA.

Ô Zeus, que dirai-je de ces choses ? Les dirai-je heureuses, ou terribles, mais utiles cependant ? Il est triste pour moi de ne sauver ma vie que par mes propres malheurs.

LE PAIDAGÔGUE.

Pourquoi, ô femme, ayant appris ceci, es-tu ainsi tourmentée ?

KLYTAIMNESTRA.

La maternité a une grande puissance. En effet, une mère, bien qu’elle soit outragée, ne peut haïr ses enfants.

LE PAIDAGÔGUE.

C’est inutilement, semble-t-il, que nous sommes venus ici !