Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/83

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour un homme que de mettre sa science et son pouvoir au service des autres hommes.

TEIRÉSIAS.

Hélas ! hélas ! qu’il est dur de savoir, quand savoir est inutile ! Ceci m’était bien connu, et je l’ai oublié, car je ne serais point venu ici.

OIDIPOUS.

Qu’est-ce ? Tu sembles plein de tristesse.

TEIRÉSIAS.

Renvoie-moi dans ma demeure. Si tu m’obéis, ce sera, certes, au mieux pour toi et pour moi.

OIDIPOUS.

Ce que tu dis n’est ni juste en soi, ni bon pour cette ville qui t’a nourri, si tu refuses de révéler ce que tu sais.

TEIRÉSIAS.

Je sais que tu parles contre toi-même, et je crains le même danger pour moi.

OIDIPOUS.

Je t’adjure par les Dieux ! ne cache pas ce que tu sais. Tous, tant que nous sommes, nous nous prosternons en te suppliant.

TEIRÉSIAS.

Vous délirez tous ! Mais je ne ferai pas mon malheur, en même temps que le tien.