Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/84

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OIDIPOUS.

Que dis-tu ? Sachant tout, tu ne parleras pas ? Mais tu as donc dessein de nous trahir et de perdre la Ville ?

TEIRÉSIAS.

Je n’accablerai de douleur ni moi, ni toi. Pourquoi m’interroges-tu en vain ? Tu n’apprendras rien de moi.

OIDIPOUS.

Rien ! ô le pire des mauvais, tu ne diras rien ! Certes, tu mettrais la fureur dans un cœur de pierre. Ainsi tu resteras inflexible et intraitable ?

TEIRÉSIAS.

Tu me reproches la colère que j’excite, et tu ignores celle que tu dois exciter chez les autres. Et cependant tu me blâmes !

OIDIPOUS.

Qui ne s’irriterait, en effet, en entendant de telles paroles par lesquelles tu méprises cette ville ?

TEIRÉSIAS.

Les choses s’accompliront d’elles-mêmes, quoique je les taise.

OIDIPOUS.

Puisque ces choses futures s’accompliront, tu peux me les dire.