Page:Sorel - Corso fleuri.djvu/274

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— C’est M. le lieutenant Lebardec qui dit comme ça que mon colonel lui a écrit de venir.

— Faites-le entrer au salon et priez-le d’attendre.

La vieille servante est stupéfaite ; son maître lui a prescrit d’ajouter deux couverts à table et il a composé lui-même le menu, avec des vins qu’il a choisis dans la cave, et le voilà qui, au lieu de descendre au salon, monte chez sa nièce ! Yvonne lit un sermon de Fénelon, dans sa chambre.

— Petite, dit son oncle, j’ai un service à te demander. Il y a en bas une personne qui vient me proposer d’acheter des dentelles. Je ne m’y connais pas, moi. Achète ce qui te plaira : ce sera pour ton trousseau.

Yvonne pousse la porte du salon.

— Pardonnez-moi, Monsieur, dit Yvonne en faisant mine de se retirer, mon oncle ignore sans doute que vous êtes ici… je vais le prévenir…

— Mademoiselle, il faut que je vous parle. Je sais que vous me jugez avec rigueur. Le colonel m’a enjoint de lui rendre visite ce matin… Écoutez-moi. Permettez-moi, sinon de me justifier, du moins de vous expliquer ma conduite… Je vous en supplie !

Mon oncle n’ignorait donc pas la présence de Louis, pensa Yvonne ; il m’a ordonne d’entrer au salon, désire-t-il donc cet entretien ? »