Page:Sorel - Montesquieu, 1887.djvu/141

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rois se sont souvent efforcés de soumettre ceux-ci au tribut public, ils n’y sont pas parvenus. »

Montesquieu étudie successivement l’origine des redevances féodales, celle du vasselage, celle des fiefs ; la question du service militaire des hommes libres ; la justice des seigneurs ; la transformation des bénéfices en fiefs et la révolution qui rendit les fiefs héréditaires. Cette révolution amena le gouvernement féodal, et Montesquieu la rattache à cette autre révolution qui changea la famille régnante et unit à un grand fief le royaume qui, dans la dispersion du pouvoir, n’avait plus de domaine. De ces deux événements, contemporains et connexes, il déduit une première conséquence : le droit d’aînesse. Les fiefs auparavant étaient amovibles et le royaume se partageait. Désormais la couronne devient héréditaire, comme les fiefs le sont devenus. Le transport des fiefs à des étrangers en est une suite. Il en résulte, pour le suzerain, des droits particuliers : le droit de lods et ventes, le droit de rachat, le droit de garde noble ; le règlement de l’hommage et ce principe du vieux droit français, que les propres ne remontent point. « Je finis, écrit alors Montesquieu, le traité des fiefs où la plupart des auteurs l’ont commencé. » Il suspend brusquement son travail sur cette page, et termine par ce beau développement juridique ces trois livres où, selon le jugement d’un maître, il « a jeté, avec tant de puissance, mais d’une manière si capricieuse et si désordonnée, ses vues sur l’origine de nos institutions sociales ».