Page:Sorel - Montesquieu, 1887.djvu/142

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Depuis Montesquieu, l'étude du moyen âge, qui en était encore, de son temps, aux tâtonnements et aux conjectures, a enfanté une science qui occupe une place considérable dans nos écoles historiques. Les fouilles plus profondes que l’on a opérées, l’investigation que l’on a faite des sources, ont renouvelé et étendu singulièrement les discussions qui divisaient les érudits français contemporains de Montesquieu. Ces controverses sont toutes vives au milieu de nous, et si le champ parait clos, le combat n’est point fini. Montesquieu, bien qu’entamé sur nombre de coutures, fait encore grande figure en son éloignement. Il a reconnu le terrain, donné l’impulsion. « Il faut, disait-il, éclairer l’histoire par les lois et les lois par l’histoire. » C’était tout simplement une science qu’il fondait et une méthode qu’il laissait à ses disciples.

Ces deux grands épisodes du commerce et des lois féodales ne se prêtaient point, autant que les précédents, au divertissement littéraire et aux vignettes. Ils forment comme de longues galeries, très ouvertes, mais un peu froides et nues. Montesquieu ne pouvait, pour les orner, y disposer que des bustes ou des statues, c’est ce qu’il a fait. Il y a deux de ces statues qui dominent toutes les autres par l’ampleur du personnage et par la beauté de l’exécution : Alexandre et Charlemagne, conquérants et civilisateurs. Montesquieu a personnifié, sous l’image de ces héros, tout ce que son génie historique lui inspirait de plus noble et de plus grand dans l’art de gouverner les hommes.