Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/132

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Wi ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

Le livre suivant, le sixième, appelé Bhîchma-Parva, parce que le grand-père des Couràvas, Bhichma, y tient une place assez grande, tire toute son importance de cette digression, plus métaphysique encore que poétique, que nous indiquions tout à l'heure, le Bhâgavad-Gîtâ ou le Chant du Bienheu- reux. Ce morceau, qui, sans nul doute, a été ajouté à l'œuvre primitive à une date relativement moderne, a exercé la sagacité d'une multitude de critiques de tous les pays. En Angleterre, Wilkins, Cockburn Thomson, le docteur Griffith ; en Allemagne, W. de Schlegel, W. de Humboldt, Hegel, Bopp, Chr. Lassen; en Grèce, Dimitrios Galanos; en France, Parraud, Chézy, Cousin, Lamartine, MM. Barthélémy Saint-Ililaire et Emile Burnouf s'en sont occupés tour à tour, et il ne reste plus rien à dire de nouveau sur les beautés littéraires et les singularités phi- losophiques dont il est plein. Seulement, on les examine maintenant un peu plus de sang-froid que quand l'Inde brah- manique y voyait une des parties les plus saintes du saint Mâhabhârata ou même que quand Schlegel, dans la préface de sa traduction latine, s'écriait du ton le plus dithyrambique en s'adressant au fabuleux Vyàsa : « Et toi, chantre sacré, interprète inspiré de la divinité, quel qu'ait été ton nom parmi les mortels, je te salue ! Oui, je te salue, auteur de ce poëme, dont les oracles emportent la [pensée avec une joie ineffable vers tout ce qu'il y a de sublime, d'éternel et de divin; plein de vénération, je te salue avant tout autre, et sans cesse j'adore la trace de tes pas ! » Dans quelles circons- tances se déroule cet appendice surnaturel et abstrait, si développé qu'il formerait à lui seul une épopée entière? Les deux armées se sont réunies dans une plaine immense; les conques et les tambours résonnent, les chars volent, les flè- ches sifflent. Krishna consent à servir de cocher et d'écuyer au troisième fils de Pàndou, son disciple] favori Ardjouna; mais celui-ci, à la vue de tous ces hommes, de tous ces frè- res qui vont s'égorger, est saisi d'une amère mélancolie. En

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