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190 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

ressemblent nécessairement el sont monotones; mais le grand Homère lui-même est loin d'être exempt de reproches à cet égard, et les perpétuelles batailles qu'il expose ne brillent pas toujours non plus par l'intérêt et la variété. Tara, épouse de Bàli, le conjure inutilement de jeter bas les armes et d'en- voyer leur fils Angadà à Ràma avec des présents pour fléchir ce redoutable adversaire, 11 dédaigne ces timides conseils et s'obstine à résister; mais une flèche du héros lui tra- verse le cœur, et la douleur de Tara s'exhale de la manière la plus touchante. La peinture des derniers moments de Bàli n'est pas sans noblesse : en expirant, il se réconcilie avec son frère ; il lui recommande, ainsi qu'à Ràma, sa veuve et son fils; il confesse ses fautes et les regrette; on lui fait d'honorables funérailles, et le Paradis reçoit ce criminel re- pentant. Tout cela est du ton le plus sérieux, sans aucun mélange d'ironie ; il ne s'agit pas là d'allégories satiriques, comme dans le Roman du. Renard, où l'animal n'est qu'une contrefaçon plaisante de l'homme. Ecartez ces images de qua- drumanes, grotesques à nos yeux, et qui, selon nous, tou- chent de trop près à la parodie, et vous aurez à admirer de sages maximes, des sentiments délicats, d'éclatantes descrip- tions. Ràma, ayant fait vœu de ne pas résider, avant la quatorzième année, dans une ville ou dans un lieu habité, se retire sous une grotte du Rishyamoukha, après avoir installé Sougrîva comme tuteur de Tara et d' Angadà et comme sou- verain de tout le royaume des singes ; il lui donne rendez- vous, à la fin de la saison des pluies, pour l'expédition qu'ils ont projetée ensemble contre Ràvana. Quatre mois se passent: Ràma et Lakshmana attendent dans leur solitude les secours promis et, malgré les instances du sage Hanoùmat et du brave Angadà, Sougrîva, préoccupé de son sacre et de sa puissance nouvelle, oublie ses serments.

Kishkindhyâ, qui a été la capitale de Bàli et qui est main- tenant celle de son frère, nous est décrite avec les plus curieux détails ; elle étale un luxe inouï, digne des Assyriens de l'ère

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