Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/199

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LE RAMAYAAA. HH

de Sardanapale ou des Romains du temps de Néron. Ce n'est, à ce qu'on nous raconte, qu'une caverne, et cependant elle contient dans ses vastes flancs des maisons et des hôtels, des meubles somptueux et des machines de guerre, des bos- quets et des jardins, des forêts et des lacs, un sérail bien gardé où vivent une foule de femmes, toutes jeunes, belles et parées. Revêtu d'un magnifique costume, assis sur un trône d'or, couvert de fleurs et de parfums, le roi des singes reçoit pompeusement Lakshmana, qui vient, au nom de son frère, réclamer l'accomplissement de la parole donnée. Sou- griva répond à cet appel et se rend lui-même auprès de son suzerain. Sur ces entrefaites, les alliés qu'on a convo- qués de tous les coins du pays, ours et singes, accourent par centaines, par milliers, par millions; leurs chefs .ont des noms propres et des traits distinctifs, aussi bien que l'Ajax ou le Diomède de l'Iliade ; ils ont le don de se métamorpho- ser à volonté, comme le Protée des Géorgiques. Ils campent au loin sur le Rishyamoukha ; divers messagers sont envoyés à droite et à gauche, afin de découvrir la retraite de Sità, mais principalement Hanoùmat, auquel Ràma remet sa bague comme marque de sa confiance et comme moyen de se faire reconnaître de la princesse. Après un mois, écoulé dans de stériles explorations, Hanoùmat, Angadà et tous ceux qui les ont accompagnés reviennent raconter à Rama que, si le but essentiel de leur voyage a été manqué, ils ont en chemin subi d'étranges aventures et contemplé de rares merveilles : entre autres, une grotte souterraine et mystérieuse, appar- tenant à la nymphe Héma et occupée par une religieuse, Swayamprabhâ, qui les a accueillis avec bienveillance et les a ensuite fait sortir de la terre à côté du mont Vindhya, en face de la mer ; alors, la grotte s'est subitement évanouie, comme tant de palais magiques s'écroulent dans les Mille et une Nuits arabes. Aussitôt, ajoutent-ils, désespérés de l'inu- tilité de leurs efforts^ ne voulant pas revenir vers Ràma sans lui ramener sa chère Sità, ils avaient juré de se laisser mou-

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