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V

KÂLIDÂSA


I

À propos des œuvres de Kâlidâsa, tout autant que pour les poëmes antérieurs aux siens, un regret inévitable vient à l’esprit de ceux qui explorent la littérature indienne. C’est celui que nous inspire la difficulté où nous sommes, où nous serons peut-être toujours, de nous reconnaître dans l’obscurité des annales hindoues, vu l’absence presque complète de documents biographiques. Quoi qu’il en soit, cette race (nous parlons, bien entendu, de la race originaire, altérée depuis par bien des mélanges et à peu près éteinte maintenant) était intelligente et sensible, morale et civilisée. Elle a connu tous les genres de poésie, toutes les écoles philosophiques, toutes les sciences ; parmi les formes de la pensée, deux seulement lui furent étrangères : l’éloquence et l’histoire. Aussi des questions de chronologie et d’authenticité, très-embarrassantes à résoudre, ne doivent pas nous empêcher de rendre justice à telles ou telles beautés littéraires, sous prétexte que nous en ignorons la date précise. Dans des littératures bien plus approfondies et où il semblerait qu’on n’a plus rien à apprendre, combien ne reste-t-il pas encore de doutes, de contradictions, de lacunes ! Résignons-nous donc à l’avouer : en dehors des ouvrages qu’on lui attribue, on ne sait rien de