Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/223

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KAL1DASA. 215

Kâlidâsa que son nom et le siècle où il est censé avoir paru. Communément on le fait vivre, une cinquantaine d'années avant la naissance du Christ, sous Vicramâditya, prince fameux qui régnait sur la province de Malawa et dont la capitale était Oudjayanî, une des sept villes sacrées de l'Inde. La mémoire de ce monarque y demeura toujours en grande estime, et une des plus hautes qualités que lui reconnaissait la tradition était son amour pour les lettres. Un vers du Vi- cramâ-Tcharitra parle des neuf joyaux, c'est-à-dire des neuf poètes qui brillaient à la cour de Vicramâditya : dans cette couronne poétique, qui fait songer à la Pléiade des Alexan- drins ou à celle de Ronsard et de ses amis, le fleuron le plus éclatant appartenait sans doute à Kâlidâsa. Citons sur ce point une petite pièce, assez moderne, mais qui atteste l'admiration persistante, professée à son égard par les Indiens, même dégénérés. « L'aimable Poésie, fille de Vâlmiki, fut élevée par Vyâsa et choisit Kâlidâsa pour son époux ; elle devint mère d'Amarou, de Soundara, de Sankhou et de Dha- nika ; maintenant qu'elle est vieille et décrépite, que sa beauté s'est évanouie et que ses pieds, dépouillés d'ornements, peuvent à peine la soutenir, dans quelle chaumière ne con- sent-elle pas à recevoir un asile? »

Ce madrigal allégorique indique assez bien la filiation sup- posée de quelques grands écrivains hindous ; en admettant qu'il soit trop'élogieux, quand bien même il n'y aurait en Kâlidâsa que l'étoffe d'un poète harmonieux et élégant, ingé- nieux et tendre, de la famille de Properce et de Tibulle, de Pétrarque et de Métastase, il mériterait encore une étude attentive. Les critiques indigènes lui trouvaient beaucoup d'es- prit, de verve et de fécondité. Seulement les œuvres qu'on lui prête sont de genres si variés et d'une valeur si inégale, qu'on n'est pas bien sûr de pouvoir les rapporter à un même au- teur. En conséquence, on a mis en avant l'existence d'un autre Kâlidâsa, qui aurait habité la cour de Bhôdja, roi d'Oud- jayanî comme Vicramâditya, favorable également aux poètes,

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