Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

236 ÉTl'DES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

déploient à l'aise dans le récit du swayambara ou choix d'un époux; car les princesses indiennes, plus favorisées que la plupart de celles de l'Occident moderne, ne faisaient que des mariages d'inclination, au lieu d'être des instruments ou des victimes de la politique. Sept princes briguent la main d'In- dumati, qui, en présence de la foule, devra choisir un d'en- tre eux. On ne saurait dire combien le poète a prodigué de subtilité et de coquetterie dans les portraits de ces divers monarques, aussi tendres et aussi aimables que les préten- dants de Pénélope étaient avides et grossiers. Ce sont de vrais chevaliers du moyen âge, réunis dans une cour d'amour et cherchant ta plaire à la reine de beauté. Aja est choisi; lier et heureux, il emmène sa compagne : hélas! le bonheur des deux époux est promptement troublé. L' 'Iliade et les Nie- belungen, les Romanceros de l'Espagne et nos épopées du moyen âge abondent en batailles, livrées pour des femmes ; il en était de même aux bords du Gange. Les sept monar- ques rebutés s'embusquent sur la route du rival préféré et lui disputent la possession d'Indumali. La description de ce combat est longue et d'une énergie peu commune chez Kàli- dasa; elle fait, penser aux poésies persane, germanique et Scandinave :

Chacun dans la mêlée se choisit un adversaire digne de lui... Le cavalier ne continuait plus à frapper celui qu'il avait blessé et qui ne pouvait lui rendre ses coups; il aurait même voulu voir revivre celui dont le cadavre penchait incliné sur le cou de son coursier. Le champ de bataille avait pour fruits des tètes abattues, pour coupes des casques tombés à terre, pour vin du sang ; on eût dit le festin de la mort. Comme des oiseaux de proie avaient déchiré par les deux bouts un fragment de bras, un loup, blessé à la gorge par l'agrafe du bracelet, fut obligé de leur abandonner cette proie, malgré son avidité pour la chair. Un soldat, dont la tête avait été coupée par le glaive ennemi, prit place aussitôt sur un char aérien; une nymphe du ciel s'y assit à sa gauche, et il put voir d'en haut son tronc mutilé, palpitant encore dans la plaine.

Aja brandit son arc magique : aussitôt l'armée des princes

�� �