Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/239

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KALIDASA.

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��rivaux reste en place, saisie par un sommeil subit, et il re- tourne librement cbez lui. Son père, Raghou se sentant vieil- lir et se voyant renaître dans sa personne, s'apprête à quit- ter le trône, malgré les larmes de son fils : il va se retirer dans les forêts et, à force d'austérités, y hâter le moment du nirvana, c'est-à-dire le moment où il sera délivré de la peine de vivre et où il s'absorbera au sein de la Divinité. Plus tard, Aja obtient un fils lui-même; mais il pleure son père Raghou et sa chère Indumati. Sensible comme Euripide et Virgile, Kàlidâsa nous dépeint là un nouvel Admète pleu- rant son Alceste, un autre Orphée redemandant son Eury- dice. Les stances élégiaques, que le prince prononce devant le corps inanimé de sa compagnie, forment une véritable psalmodie funèbre. Elle est trop longue pour être reproduite ici; nous n'en donnons que les dernières lignes:

« 11 me semble pourtant que tu v;is revivre, lorsque le vent agite les boucles de tes cheveux, ornés de fleurs, tressés ensemble et brillants de la couleur îles abeilles. Réveille-toi vite, ma bien-ai- mée, et daigne écarter mes soucis, comme ces herbes phospho- rescentes, qui, la nuit, éclairent les cavernes ténébreuses de l'Himalaya. A la vue de ce visage que couvrent tes cheveux en désordre, à la vue de ta bouche muette, que je souffre ! Je crois voir un nénuphar solitaire, oublié dans l'ombre et où l'insecte bourdonnant ne se fixe plus. La lune et la nuit sont inséparables; l'oiseau est rejoint par sa compagne: mais toi, ô douleur! tu me quittes pour l'éternité ! O femme aux gracieuses formes, tes mem- bres délicats, qui auraient été blessés même en effleurant une couche de feuilles fraîches, que deviendront-ils, dis-moi, si on les place sur un bûcher?... Tu as légué aux rossignols ta voix har- monieuse, aux cygnes ton allure languissante, aux biches ton regard timide, aux plantes mollement caressées par le vent ton sourire... Aujourd'hui mon repos est troublé, mes plaisirs se sont évanouis, mes chants ont cessé ; la belle saison n'a plus pour moi de fêtes; je n'ai plus aucun motif pour me parer; mon lit esl vide à jamais! O mon épouse et ma compagne, mon amie et mon amante, mon élève chérie dans l'art du chant, ma belle Indumati, réponds à mes plaintes; en t'enlevant à moi sans pitié, la mort m'a tout ravi... En vain je conserve l'empire: sans toi. la félicité

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