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240 ÉTUDES TUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

décadence d'une branche royale, dont Vâlmiki et Kâlidâsa lui- même avaient célébré les rares qualités et les exploits écla- tants. Les jouissances de Salomon, la frivolité amoureuse de Catulle et d'Horace, de Properce et d'Ovide, le faste insolent et les débauches effrénées de Néron et d'Héliogabale, la mol- lesse des mœurs italiennes au XVI e siècle, les artifices du don Juan de Molière et du Lovelace de Richardson, la licence de la Régence, du règne de Louis XV, ou de la cour de Charles II, toutes les formes de la sensualité humaine semblent réunies dans cette peinture, dont nous avons adouci certaines touches et où peut-être l'auteur a eu l'intention de glisser quelques traits satiriques à l'adresse de tel ou tel prince dégénéré de son temps. Mais une remarque essentielle à faire, c'est que des morceaux de ce genre sont fort peu communs dans ce quj nous reste, du moins dans ce qu'on connaît jusqu'à présent de la poésie sanscrite. A part les élégies erotiques d'Amarou et divers passages de comédies secondaires, les excès de la passion et les désordres, enfantés par la recherche de la vo- lupté, ne se trouvent presque jamais représentés dans ces productions, où brille une moralité que bien peu de littéra- tures possèdent au même degré.

Bien que venu tard, au premier siècle de notre ère, bien qu'appartenant à une époque de déchéance et d'épuisement, Kàlidàsa ne s'écarte guère des graves traditions, inaugurées par les chantres des Védas et par les poètes, nombreux sans doute, qui ont travaillé aux deux cent mille vers du Mahâ- bhârata, aux quarante-huit mille vers du Ràmâyana. Sensi- bilité naturelle, douce et touchante; respect du devoir; éloge perpétuel des vertus de famille; beaux exemples, donnés par les rois à leurs descendants; dévoûment des souverains à leurs sujets et reconnaissance du peuple envers ses prin- ces ; culte profond et sincère pour la Divinité ; hommages continuellement rendus aux prêtres, qui, là comme en Pales- tine, gouvernaient souvent la nation et faisaient tonner sur la tête des monarques indociles les foudres menaçantes du

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