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242 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

maîtres de musique et de danse, deux chanteuses, une re- ligieuse et son élève, une jardinière, cinqsuivant.es. Toute l'ac- tion, retardée par bien des épisodes, roule sur la passion que la musicienne Mâlavikâ inspire au prince et sur la jalousie des deux reines, ses rivales ; elle se dénoue, comme dans les comédies d'aventures de l'Italie, de l'Espagne, de l'Angleterre et de la France au XVI e siècle, par des reconnaissances ro- manesques. La religieuse se trouve être la sœur d'un ministre, Mâlavikâ celle d'un roi voisin, et, en somme, Dhârinî et Iràvatî consentent à ce que leurs maris prennent la musicienne pour troisième épouse. Ajoutons que plusieurs critiques n'ont voulu voir dans celte œuvre estimable qu'une production du moyen âge, et que les mœurs qui y sont retracées ont effec- tivement un caractère assez moderne ; aussi, quoique la tra- dition l'ait toujours donnée à Kâlidâsa, il ne manque pas de raisons pour la lui retirer.

On lui adjuge plus sûrement la paternité de Vikrâma et Ourvaçî ou Ourvaçî aimée par un héros, autre comédie en cinq actes, précédée d'une introduction. Certaines fichons du théâtre grec, la Tempête de Shakespeare, les légendes germaniques, la poésie des Amours des anges de Thomas Moore pourraient seules nous donner l'idée d'une composition qui se passe entre le ciel et la terre et où tout est fantatisque et surnaturel. En outre, la subtilité ne manque pas dans cette pièce agréable et élégante que nous allons rapidement examiner. Publiée à Calcutta en 4830, traduite en latin par Lenz, en allemand par Hœfer et Bollensen, en anglais par Wilson, Cowel et Monier Williams, en français par MM. A. Langlois etE. Fou- eaux, elle est néanmoins connue de peu de lecteurs ; elle reposait sur une tradition antique et populaire dans l'Inde. Le Rig-Véda, le Brâhmana du Yadjour-Véda, le Mahâbhâ- rata, YHarivansa, six des dix-huit Purânas l'ont indiquée ou développée : rien n'était plus célèbre que les amours de la nymphe Ourvaçî et du héros Pouroùravas ; mais rien n'est aussi plus simple, on pourrait dire plus ingénu, que la conduite de

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