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248 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

jaloux, lui a assigné un rendez-vous dans un pavillon secret; elle y arrive, les mains chargées de présents, la bouche pleine de mots caressants. En sa qualité d'époux infidèle, il prodigue à la reine les compliments et les promesses, au grand scandale des nymphes qui d'en haut voient et enten- dent tout. La reine une fois sortie, elles s'avancent : le roi renouvelle des protestations de tendresse, qu'Ourvaçî n'a plus la force de repousser.

Le quatrième acte se passe dans la forêt d'Akaloucha; cet acte, écrit presque entièrement en dialecte prâcrit, tout poétique, tout lyrique, rempli d'indications mimiques et mu- sicales, est à peu près un morceau d'opéra. Nous apprenons par plusieurs nymphes les graves incidents qui se sont suc- cédé dans l'entr'acte. Pouroùravas a délaissé Àusinarî et le soin de son royaume ; il a suivi Ourvaçî sur les sommets du mont Kâilâça, dans les bois enchantés de Ghandamâdana, vé- ritable Elysée réservé aux plaisirs des dieux ; ils y ont vécu quelque temps ensemble. Mais le roi a eu un moment d'oubli: il a regardé avec trop d'attention Oudakavati, la fille d'un génie aérien. Alors, Ourvaçi, hors d'elle-même (car l'aimable nymphe semble ne comprendre l'infidélité qu'à son profit), s'est sauvée jusque dans la forêt de Kumàra, le dieu de la guerre, forêt interdite aux femmes. Cette profanation a été aussitôt punie; elle a été métamorphosée en liane sauvage, et son amant, désespéré de l'avoir perdue par sa faute, est devenu fou. En effet, nous le voyons errer çà et là sur la montagne : il rêve, il pleure, il s'agenouille avec mélancolie, il se relève brusquement ; il parle aux nuages, aux abeilles, aux plantes, aux rossignols, à tous les êtres, à tous les objets qu'il aperçoit : partout il cherche, il croit voir, il embrasse en idée celle que les destins lui ont enlevée. Dans sa folie, il va jusqu'à chanter sur les tons les plus variés, jusqu'à danser avec les attitudes les plus expressives. Enfin, il touche une liane, qui s'enlaçait le long d'un aibre; il la couvre de baisers: c'est précisément Ourvaçî, dont la transformation

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