Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/94

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ves, une jeune princesse désignait publiquement celui qu’elle agréait pour fiancé ; car les filles de rois étaient, alors du moins, libres de se choisir un époux à leur gré. Cette cérémonie, qui est également décrite dans le Raghouvansa de Kâlidâsa et dans d’autres poëmes sanscrits, donne ici lieu à de longs détails. C’est le monarque des Pântchâliens, Draupadâ, qui, étant remonté sur son trône d’où l’avait précipité son ancien condisciple Drona, fait annoncer partout que sa fille, la belle Draupadî, surnommé Krishnâ (la noire), est nubile, et que tous les princes et guerriers d’alentour peuvent venir dans sa capitale prendre part à une joute, où le vainqueur obtiendra la main de la princesse. Les Pândavas, lassés de leur obscurité et de leurs pérégrinations, se décident à tenter la fortune et, sous le déguisement de brahmatchâris (étudiants religieux), ils partent pour Pântchâla ; ils rencontrent en chemin force brahmanes qui se rendent en caravane à la même destination et qui leur racontent toutes sortes de merveilles sur la fête solennelle qui se prépare. Les concurrents vont y affluer en armes, afin de participer aux tournois ; les maîtres du pays distribueront aux prêtres l’or, l’argent, les vaches, les mets exquis ; les chanteurs, les bardes, les danseurs, les mimes, les lutteurs rivaliseront d’adresse ; mille spectacles variés attireront la foule.

Les Pândavas arrivent au but de leur voyage : pour dissimuler leur rang, ils se logent, dans les environs de la ville, chez un pauvre potier, où ils mendient leur pain, et personne ne les reconnaît, pas même leurs cousins, les Courâvas, qui, conduits par Douryôdhana, et suivis par Kansa, n’ont pas été moins fidèles au rendez-vous. La cérémonie est célébrée, devant une assistance de rois, avec une magnificence, qui nous donne une haute idée du luxe et de l’éclat de l’antique civilisation de l’Inde : c’est un singulier mélange de barbarie dans les idées et de raffinement dans les usages qu’on rencontre pareillement en plus d’un endroit des rhapsodies homériques. L’enceinte réservée, entourée de palais,