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l’apprenti.

il n’en pouvait douter, cette fumée sortait du cabinet de M. Kartmann.

Il rentra précipitamment dans la chambre qui lui servait de prison, et, bénissant l’heureuse habitude qu’il avait contractée, de porter toujours sur lui ce qui était nécessaire pour écrire, il se mit à tracer un billet dans lequel il avertissait sommairement M. Kartmann de ce qu’il avait découvert, en lui faisant connaître le lieu où il était renfermé.

Son billet achevé, il se rapprocha de nouveau de la fenêtre. La maison, comme toutes celles qui servent à des exploitations de ce genre, était très-élevée. Frédéric en mesura un instant la hauteur, mais sa résolution ne fut point ébranlée par cet examen.

Souvent, dans ses jeux d’enfant, il avait grimpé à des arbres et parcouru des toits ; il était agile, hardi, et, d’ailleurs, il y avait nécessité à tout hasarder. Il monta sur le relai de la croisée, descendit avec précaution dans le canal formé par les toits des deux corps de bâtiment qui se touchaient, et suivit sans grand danger cette route jusqu’à ce qu’il fût arrivé à la cheminée qu’il voulait atteindre. Le plus difficile était de parvenir à celle-ci en gravissant un toit glissant et très-incliné ; cependant l’apprenti y parvint. Voulant d’abord attirer l’attention des personnes qui travaillaient dans le cabinet de M. Kartmann, il jeta un à un, dans le tuyau, des débris de chaux durcie ; puis, quand il jugea qu’il en était temps, il laissa tomber son billet, lié entre deux tuiles afin de le