Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/97

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Réponse. Proportionnellement à la pension qu’il lui accorde.

Demande. Pouvez-vous réciter votre acte d’espérance matrimoniale ?

Réponse. « Mon Dieu, je compte sur votre infinie bonté pour obtenir l’époux selon mon cœur ; qu’il soit assez riche pour me donner un équipage, un hôtel, des loges au grand théâtre de Sans-Pair, et puisse-t-il, ô mon Dieu ! montrer autant de courage à agrandir sa fortune que j’aurai de plaisir à la dépenser ! »

Maurice n’en lut point davantage, et demanda à l’académicien si les deux grandes institutions universitaires qu’il venait de lui montrer étaient les seuls établissements d’instruction publique existant à Sans-Pair.

« Il y a, de plus, les institutions exploitées par l’industrie particulière, répliqua M. Atout : écoles, pensionnats, lycées, professant toutes les sciences connues par toutes les méthodes inventées. Mais le plus célèbre de ces établissements est celui de M. Hâtif, qui a trouvé le moyen d’appliquer à l’instruction des enfants le système des serres chaudes, et qui obtient des savants forcés, comme les jardiniers obtenaient autrefois des melons de primeur. Il lui suffit de placer ses élèves sur une couche propre à hâter la sève intellectuelle, et de veiller au thermomètre qui indique le degré de chaleur nécessaire pour la maturation de leurs cerveaux. Il a toujours ainsi, sous verrine, plusieurs centaines d’écoliers, qui sont de grands hommes à dix ans et des enfants à vingt.

Du reste, sa fabrique de prodiges prospère. C’est de chez lui que sortent tous ces virtuoses qui impro-