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MAROUSSIA.

une taupe ou d’attraper un hérisson, ce serait une autre paire de manches ! »

Et, tout en cheminant du côté du jardin, Tarass se dandinait d’un air capable, comme il convient à un fameux preneur de taupes et de hérissons.

« Les petites filles n’ont pas de courage, voilà mon avis ! ajouta-t-il. Les garçons…

— Ah ! les garçons sont très-braves ! dit Maroussia, voyant que son petit compagnon cherchait un mot qui pût exprimer dignement le mérite supérieur des garçons.

— C’est ça ! répondit Tarass, touché de l’estime que la petite fille faisait des garçons ; et, à part lui, il pensait : « Elle n’est pas aussi bête que je l’ai cru. »

— Ils savent monter à cheval, les garçons ! continua-t-il. C’est admirable comme ils savent dompter les chevaux les plus sauvages !

— Bien sûr, c’est admirable, répondit Maroussia en souriant.

— Un jour, tu verras si je sais bien monter notre jument ! L’autre fois, quand je passais au galop près de la chaumière de la vieille Hanna, je lui ai fait une fameuse peur ; la pauvre femme a cru que c’était une flèche tartare ! Tu sais, nos vieilles craignent beaucoup les Tartares.

— Pauvres vieilles ! dit Maroussia.

— Mais tu ne dois pas t’effrayer, toi ; je te défendrai, dit-il avec un élan de générosité.