Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/110

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peu de courage ; Jules était plus pâle et plus tremblant qu’elle. Elle le voyait à ses genoux : « En vérité, je suis hors d’état de parler, » lui dit-il. Il y eut quelques instants apparemment fort heureux ; ils se regardaient, mais sans pouvoir articuler un mot, immobiles comme un groupe de marbre assez expressif. Jules était à genoux, tenant une main d’Hélène ; celle-ci la tête penchée, le considérait avec attention.

Jules savait bien que, suivant les conseils de ses amis, les jeunes débauchés de Rome, il aurait dû tenter quelque chose ; mais il eut horreur de cette idée. Il fut réveillé de cet état d’extase et peut-être du plus vif bonheur que puisse donner l’amour, par cette idée : le temps s’envole rapidement ; les Campireali s’approchent de leur palais. Il comprit qu’avec une âme scrupuleuse comme la sienne il ne pouvait trouver de bonheur durable, tant qu’il n’aurait pas fait à sa maîtresse cet aveu terrible qui eût semblé une si lourde sottise à ses amis de Rome.

— Je vous ai parlé d’un aveu que peut-être je ne devrais pas vous faire, dit-il enfin à Hélène.

Jules devint fort pâle ; il ajouta avec peine et comme si la respiration lui manquait :

— Peut-être je vais voir disparaître