Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Hélène fondit en larmes :

— Grand Dieu ! s’écriait-elle en pleurant, quelle horreur pour ma mère !

Elle consentit enfin à la proposition qui lui était faite.

— Mais, ajouta-t-elle, on peut nous découvrir à l’aller ou au retour ; songez au scandale qui aurait lieu, pensez à l’affreuse position où se trouverait ma mère ; attendons son départ, qui aura lieu dans quelques jours.

— Vous êtes parvenue à me faire douter de la chose qui était pour moi la plus sainte et la plus sacrée : ma confiance dans votre parole. Demain soir nous serons mariés, ou bien nous nous voyons en ce moment pour la dernière fois, de ce côté-ci du tombeau.

La pauvre Hélène ne put répondre que par des larmes ; elle était surtout déchirée par le ton décidé et cruel que prenait Jules. Avait-elle donc réellement mérité son mépris ? C’était donc là cet amant autrefois si docile et si tendre ! Enfin elle consentit à ce qui lui était ordonné. Jules s’éloigna. De ce moment, Hélène attendit la nuit suivante dans les alternatives de l’anxiété la plus déchirante. Si elle se fût préparée à une mort certaine, sa douleur eût été moins poignante ; elle eût pu trouver quelque courage dans l’idée de l’amour de Jules et