Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/156

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de la tendre affection de sa mère. Le reste de cette nuit se passa dans les changements de résolution les plus cruels. Il y avait des moments où elle voulait tout dire à sa mère. Le lendemain, elle était tellement pâle, lorsqu’elle parut devant elle, que celle-ci, oubliant toutes ses sages résolutions, se jeta dans les bras de sa fille en s’écriant :

— Que se passe-t-il ? grand Dieu ! dis-moi ce que tu as fait, ou ce que tu es sur le point de faire ? Si tu prenais un poignard et me l’enfonçais dans le cœur, tu me ferais moins souffrir que par ce silence cruel que je te vois garder avec moi.

L’extrême tendresse de sa mère était si évidente aux yeux d’Hélène, elle voyait si clairement qu’au lieu d’exagérer ses sentiments, elle cherchait à en modérer l’expression, qu’enfin l’attendrissement la gagna ; elle tomba à ses genoux. Comme sa mère, cherchant quel pouvait être le secret fatal, venait de s’écrier qu’Hélène fuirait sa présence, Hélène répondit que, le lendemain et tous les jours suivants, elle passerait sa vie auprès d’elle, mais qu’elle la conjurait de ne pas lui en demander davantage.

Ce mot indiscret fut bientôt suivi d’un aveu complet. La signora de Campireali eut horreur de savoir si près d’elle le meurtrier de son fils. Mais cette douleur fut suivie d’un élan de joie bien vive et bien