Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/131

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mais il est encore plus un flambeau pour découvrir le grand art d’être heureux.

La plupart des hommes ont un moment dans leur vie où ils peuvent faire de grandes choses, c’est celui où rien ne leur semble impossible. L’ignorance des femmes fait perdre au genre humain cette chance magnifique. L’amour fait tout au plus aujourd’hui bien monter à cheval, ou bien choisir son tailleur.

Je n’ai pas le temps de garder les avenues contre la critique ; si j’étais maître d’établir des usages, je donnerais aux jeunes filles, autant que possible, exactement la même éducation qu’aux jeunes garçons. Comme je n’ai pas l’intention de faire un livre à propos de botte, on n’exigera pas que je dise en quoi l’éducation actuelle des hommes est absurde, (on ne leur enseigne pas les deux premières sciences, la logique et la morale). La prenant telle qu’elle est cette éducation, je dis qu’il vaut mieux la donner aux jeunes filles, que de leur montrer uniquement à faire de la musique, des aquarelles et de la broderie.

Donc, apprendre aux jeunes filles à lire, à écrire et l’arithmétique par l’enseignement mutuel dans les écoles-centrales-couvents, où la présence de tout homme, les professeurs exceptés, serait sévèrement punie. Le grand avantage de réunir les enfants,