Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/224

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vain que Lamiel changeait tous les jours le lieu de ses rendez-vous. Depuis trois jours, sa curiosité trouvait un plaisir infini à se faire raconter par Fédor les moindres détails de sa vie de Paris ; c’est pour cela qu’elle n’écouta pas la voix de la prudence qui lui commandait de l’éloigner d’un mot aussitôt qu’elle le verrait.

Le jour baissait rapidement. Lamiel et son ami quittaient le bois pour revenir au village. Le duc racontait avec un naturel charmant et beaucoup d’esprit sa façon de remplir ses journées à Paris. Lamiel vit de loin son oncle Hautemare qui descendait d’une carriole louée, assez cher apparemment, pour l’épier. Cette vue l’impatienta.

— Vous avez toujours ce valet de chambre fidèle que vous appelez Duval ?

— Sans doute, dit Fédor en riant.

— Eh bien, envoyez-le à Paris chercher quelque chose que vous aurez oublié.

— Mais cela me dérange fort ; que ferai-je sans cet homme ?

— Vous pleurez comme un enfant qui a peur de sa bonne. Du reste, ne revenez me voir que quand Duval ne sera plus à Carville. Voici mon oncle qui court après moi et que je voudrais pouvoir renvoyer comme je vous renvoie. Adieu.

Lamiel essuya une scène fort longue et fort désagréable de la part de son oncle.