Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/284

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noble, c’est donc celle d’un homme qui va se tuer dans quelques heures ! il agit avec un sang-froid parfait.

Le comte faisait des malles et semblait absorbé par le soin de ne pas gâter ses effets ; fier de son habileté à faire des malles, il était bien commis voyageur dans ce moment ; mais Lamiel ne voyait rien, son âme était tout émue par ce coup de pistolet si prochain. Il adressait ses malles à sa sœur, Mme la baronne de Nerwinde. Il les accompagna à la diligence de Périgueux, et, du bureau des diligences, les fit transporter à Versailles par un fourgon de louage. Le lendemain matin, Mme Le Grand reçut la lettre d’usage :

— Quand vous lirez ces mots…, etc., etc.

Lamiel baissa la tête à cette lecture et bientôt fut étouffée par des sanglots. M. Le Grand s’écria :

— Voilà cependant seize cent soixante-sept francs que nous perdons, et il se remit à faire la note réelle du comte ; il voulait connaître sa perte réelle ; la note à payer était de seize cent soixante-sept francs, la note réelle ne s’élevait qu’à neuf cents francs.

— L’année passée, notre perte a été de quatre pour cent de nos recettes brutes ; cette année, elle sera de six pour cent, car je ne parle pas de la valeur des