Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/61

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Il y a des bonnes gens partout, même en Normandie, où ils y sont à la vérité beaucoup plus rares qu’ailleurs. Les bonnes gens de Carville furent indignés de voir déshériter d’une façon aussi barbare le neveu de Hautemare qui avait sept enfants, et ils appelaient Lamiel la fille du diable. Mme Hautemare vint les larmes aux yeux demander au curé si ce nom ne leur porterait pas malheur ; le curé furibond lui dit que le doute qu’elle exprimait pourrait bien la conduire en enfer. Il ajouta qu’il prenait la petite Lamiel sous sa protection immédiate, et huit jours après la marquise de Miossens et lui déclarèrent que Hautemare aurait des élèves de deux classes. La marquise fit garnir de vieilles tapisseries trois bancs de l’école du bedeau ; les enfants assis sur ces bancs garnis de tapisserie seraient élèves de première classe, et les enfants placés sur les bancs de bois seraient de seconde. Les élèves de première classe payeraient cinq francs au lieu de quatre qu’on avait payés jusqu’alors et Mme Anselme, la première femme de chambre de la marquise, confia, sous le secret, à deux ou trois amies intimes que, lors de la distribution des prix le projet de madame était d’inviter aux premières places les mères des élèves de première classe, quand même elles ne seraient que