Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/62

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de simples fermières. Six mois après, il fallut garnir de tapisserie presque tous les bancs de l’école.

Les Hautemare, devenant maintenant des gens riches, méritent que nous parlions un peu plus en détail de leur caractère. Le meilleur et le plus petitement dévot des hommes, Hautemare, consacrait toute son attention aux soins de l’église dont il était chargé. Si un vase de bois peint portant des fleurs artificielles n’était pas bien nettement placé en symétrie sur l’autel, il croyait que la messe ne valait rien, allait bien vite se confesser de ce gros péché au curé Du Saillard, et le lundi suivant, la narration de cet accident fournissait à toute sa conversation avec la marquise de Miossens. Ennuyée de Paris, où elle n’était plus jolie femme, cette dame s’était à peu près fixée à Carville, où elle avait à peu près pour toute société ses femmes de chambre et le curé Du Saillard ; mais celui-ci s’ennuyant auprès d’elle et craignant de dire des choses imprudentes, ne paraissait au château que des instants. Mais le dimanche, à la grand’messe, il encensait de temps à autre Mme de Miossens, et tous les lundis, Hautemare avait l’honneur de porter au château l’énorme morceau de pain bénit qui, la veille, avait été présenté au banc du seigneur occupé