Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/16

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et était le meneur de Nancy. Leuwen le regardait comme le coquin le plus dangereux du pays, il croyait même avoir lieu de supposer que depuis que les chances d’Henri V semblaient avoir diminué, Du Poirier avait traité avec le ministre de l’Intérieur et lui adressait des rapports tous les quinze jours. Mais enfin, ce coquin pour le moment lui était favorable[1].]

Tout allait au gré des désirs de Leuwen, même son père, qui ne se plaignait point de sa dépense. Leuwen était sûr que tout le monde disait du bien de lui à madame de Chasteller ; mais la maison du marquis de Pontlevé n’en était pas moins la seule de Nancy où Lucien semblât faire des pas rétrogrades. En vain Leuwen avait essayé d’y faire des visites ; madame de Chasteller, plutôt que de le recevoir, avait fermé sa porte sous prétexte de maladie. Elle avait trompé le docteur Du Poirier lui-même, qui disait à Leuwen que madame de Chasteller ferait mieux de ne pas sortir de longtemps. Aidée par ce prétexte que lui fournissait le docteur Du Poirier, madame de Chasteller faisait un petit nombre de visites, sans s’exposer à être accusée de fierté ou de sauvagerie par les dames de Nancy.

  1. Stendhal indique que ce fragment entre crochets doit être placé ailleurs. N. D. L. É.