Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/38

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rance de mauvais ton, aussi la réponse ne se fit-elle pas attendre.

— Et moi, monsieur le comte, j’ai moins de dévouement au pouvoir, et je supplie Votre Excellence de confier ces sortes de missions à un plus digne.

— Mais, mon ami, répliqua le ministre en contenant son orgueil de ministre, c’est un des devoirs de votre place, de cette place dont vous avez fait quelque chose…

— En ce cas, j’ai une seconde prière à ajouter à la première, celle d’agréer ici ma démission et mes remerciements de vos bontés pour moi.

— Malheureux principe monarchique ! dit le ministre comme se parlant à soi-même. Il ajouta du ton le plus poli, car il ne lui convenait nullement de se séparer de Leuwen et de son père :

— Souffrez que je vous dise, mon cher monsieur, que je ne puis parler de cette démission qu’avec monsieur votre père.

— Je voudrais bien, reprit Lucien après un petit instant, ne pas être obligé à chaque instant d’avoir recours au génie de mon père. S’il convient à Votre Excellence de m’expliquer ces missions et qu’il n’y ait pas de combat de la rue Transnonain au fond de cette affaire, je pourrai m’en charger.