Page:Stendhal - Mémoires d’un Touriste, II, Lévy, 1854.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
ŒUVRES DE STENDHAL.

charge les saints et les rois de vêtements magnifiques qui, pour des paysans grossiers, sont les marques les plus sûres de la puissance et de la sainteté. Il n’est pas encore question de l’expression des têtes ou des gestes. Si l’on veut bien lire les pages suivantes, on trouvera plus de plaisir à voir les églises de Rouen : on les appelle gothiques. Sous ce nom l’on comprend aujourd’hui les églises romanes et les églises appartenant réellement au style gothique.

Je voudrais que le lecteur bénévole se donnât la peine d’aller lire ces pages dans l’église gothique du lieu où il se trouve : à Paris, Notre-Dame, ou encore mieux Saint-Denis ; l’essentiel est d’appliquer les noms aux choses que l’on voit : meneaux, transepts, abside, etc.

Dans les Gaules, comme à Rome, les églises suivent l’une des quatre formes principales : La basilique. — La croix latine. — La croix grecque. — La forme ronde ou polygonale.

La basilique, c’est la forme d’une carte à jouer. À l’orient la basilique se termine par un demi-cercle ou abside, près duquel on place l’autel. La croix latine, c’est la forme du crucifix. Dans la croix grecque, les quatre branches de la croix sont égales, comme à Saint-Genest de Nevers.

Les façades sont flanquées de tours ; elles annoncent de loin la métropole, et d’ailleurs, au onzième siècle, elles pouvaient servir de défense. Voyons toujours dans ces édifices, vieux de sept siècles, les circonstances qui les entourèrent à leur berceau, et les croyances, si différentes des nôtres, des hommes qui les construisirent.

Les tours romanes, carrées d’abord, puis octogones, ne s’élèvent pas à une hauteur considérable. Le gothique, qui, avant tout, veut paraître hardi, les élève au contraire le plus possible. Le toit des tours romanes fut d’abord aplati ; vers le douzième siècle on les termina par une pyramide.

Les yeux et les génuflexions des fidèles devant être tournés vers l’Orient, où s’était accompli le mystère de la rédemption,