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MÉMOIRES D’UN TOURISTE.

et d’où revenaient tous les personnages riches ou saints du onzième siècle, la façade des églises fut placée au couchant, comme à Saint-Germain-des-Prés, à Notre-Dame, etc.

Il y a autant de portes que de nefs.

Les artistes romans considéraient la porte du milieu comme leur chef-d^œuvre. Au-dessus est une fenêtre ronde, d’abord très-petite ; mais vers la fin du douzième siècle, son diamètre est égal ou même supérieur à celui de la grande porte. La façade est terminée par un fronton, mais on le fait plus aigu que les frontons antiques.

Vous savez que, dans la ferveur des premiers chrétiens, les catéchumènes n’entraient pas dans l’église ; de là la distribution des églises romanes en quatre divisions.

1° Le vestibule intérieur ;

2° Les nefs ;

3° Le transept, ou le croisillon dans la croix latine ;

4° Le chœur.

On trouve un toit pour la nef principale et deux toits moins élevés pour les nefs latérales. S’il n’y a qu’un seul toit, les bas-côtés ont un étage supérieur. Au lieu de cet étage supérieur, on trouve souvent une étroite galerie pratiquée dans l’épaisseur du mur de la nef et se prolongeant autour du chœur.

Les fenêtres sont rares dans l’architecture romane. Au milieu du transept s’élève quelquefois une coupole : c’est le point intérieur le plus élevé d’une église. Mais dans ce cas il faut renforcer les piliers qui soutiennent ce grand poids.

Les architectes romans observèrent qu’en donnant à un pilier massif la forme d’un faisceau de colonnes ou d’une botte d’asperges, si l’on me permet cette comparaison sensible, le pilier semblait moins gros et plus léger. Dans la suite les architectes gothiques mirent des échasses à cette idée, qui devint la base de leur système de hardiesse.

Le pavé du chœur[1] fut plus élevé que le reste de l’église ; or-

  1. Paveant illi, at ego non paveam, disait un curé.